Mots clés |
Trouble lié à l'usage de cocaïne, Sevrage hospitalier, Abstinence, Rechute, Biomarqueurs, Sévérité, Neuroimagerie |
Resumé |
Le trouble lié à l'usage de cocaïne est une maladie cérébrale qui se caractérise par une évolution chronique, marquée par des rechutes. Il est associé à de nombreuses complications qui peuvent être cardiovasculaires, psychiatriques, cognitives, médicolégales et sociales. Les approches thérapeutiques dans ce trouble sont empiriques, et font appel à des sevrages hospitaliers pour les patients les plus sévères, avec un faible taux de maintien d'abstinence à la sortie. Il n'existe actuellement pas de biomarqueurs validés, permettant de prédire les échecs ou les réussites des sevrages hospitaliers, ni de sélectionner les patients nécessitant les stratégies thérapeutiques les plus intensives. Cependant, les techniques d'imagerie cérébrale ont mis en évidence plusieurs types d'anomalies structurales et fonctionnelles chez des patients cocaïnomanes, qui constituent des candidats-biomarqueurs de l'issue du sevrage. Les objectifs de cette thèse sont donc d'augmenter l'état des connaissances sur le trouble lié à l'usage de cocaïne, et de proposer des biomarqueurs de maintien d'abstinence pertinents, cliniques et de neuroimagerie, identifiés lors d'un suivi prospectif. Nous avons inclus 86 patients diagnostiqués d'un trouble lié à l'usage de cocaïne et hospitalisés pour sevrage. Ces patients ont été suivis prospectivement pendant trois mois après leur sortie d'hospitalisation. Parmi eux, 67 sujets ont rechuté dans les trois mois de suivi. Une revue de la littérature, réalisée en 2020-2021, a constitué le travail préalable de cette thèse, et nous a permis d'identifier les variables d'intérêt. Dans une première étude portant sur les variables cliniques, les patients consommant de la cocaïne par voie intraveineuse, ainsi que ceux rapportant une plus grande fréquence de consommation dans le mois précédant l'inclusion, rechutaient précocement. A l'inverse, les patients ayant effectué les plus longs séjours hospitaliers et ceux ayant reçu une prescription d'antidépresseurs durant le sevrage, maintenaient l'abstinence plus longtemps à la sortie. Une seconde étude a été conduite, utilisant des données d'IRM anatomique de ces mêmes patients comparés à des volontaires sains. Nous avons observé une atrophie dans plusieurs structures de la substance grise parmi les patients. Dans ce même groupe, les sujets consommant préférentiellement du crack présentaient des volumes cérébraux amoindris dans certaines régions temporales comparés aux usagers de chlorhydrate de cocaïne. Enfin, les patients ayant rechuté dans les trois mois de suivi prospectif présentaient des volumes réduits au niveau du vermis du cervelet, comparés aux sujets restés abstinents. Nous avons donc identifié plusieurs variables cliniques pouvant influencer le maintien d'abstinence après un sevrage en cocaïne, dépendant directement de la consommation du patient mais aussi des modalités du sevrage hospitalier proposé. Ces résultats soulignent notamment l'importance d'une prise en charge hospitalière prolongée du sevrage, pour les patients les plus sévères. En neuroimagerie, l'atrophie de la substance grise que nous avons identifiée, plus sévère localement chez les usagers de crack et associée à la rechute au niveau du vermis, peut refléter les conséquences de l'usage répété de la substance, mais également des prédispositions précédant même le trouble lié à l'usage de substance, ou même des facteurs confondants tels que les comorbidités psychiatriques, addictologiques ou neurologiques préexistantes. |