Mots clés |
Anorexie mentale, Rémission, Modèle animal, Métabolisme, Ghréline, Anxiété, Approche translationnelle |
Resumé |
L'anorexie mentale (AM) est un trouble psychiatrique débutant à l'adolescence et au début de l'âge adulte à l'origine d'une importante morbimortalité. L'étiopathogénie et les facteurs influençant la rémission sont peu connus. Les modèles murins permettent d'explorer certaines dimensions pathologiques de l'AM, tout particulièrement par l'analyse des facteurs modulant l'interaction entre la restriction calorique, la perte de poids corporel et les modifications d'activité physique. Peu de travaux abordent la problématique de la rémission au sein de ces modèles. Après avoir présenté l'anorexie mentale comme un trouble métabo-psychiatrique, nous émettons l'hypothèse que l'utilisation de modèles précliniques au sein d'une approche translationnelle peut apporter une meilleure compréhension de la sortie du processus pathologique chez le sujet humain. Les objectifs de ce travail de thèse sont de montrer les limites et les perspectives de l'utilisation de modèles précliniques pour comprendre la rémission dans l'AM. Dans ce cadre, trois études seront présentées s'inscrivant dans une approche translationnelle afin de confronter des données obtenues au sein d'un modèle murin et des données cliniques. La première étude propose d'explorer le lien entre l'activité physique, facteur de mauvais pronostic, et l'anxiété à partir d'un échantillon de patients (n=206) et de le confronter à un protocole murin de restriction calorique chronique utilisé en routine pour l'étude des aspects métaboliques de l'AM. Nous montrons que le niveau de dépendance à l'activité physique est corrélé au niveau d'anxiété chez les patients souffrant d'AM. Au sein du modèle murin l'activité physique dans une roue en situation de restriction calorique semble diminuer les comportements anxieux. La seconde étude introduit la récupération pondérale et explore le lien entre l'activité physique et une dimension métabolique : le système ghrélinergique. Elle étudie l'évolution des formes circulantes de ghréline dans une cohorte longitudinale de patients (n=13). La forme desacylée de la ghréline semble impliquée dans la rechute précoce (1 mois après la sortie d'hospitalisation) via la reprise d'une activité physique. Ce lien est retrouvé ensuite en situation de restriction calorique chez la souris et après 20 jours de récupération nutritionnelle. La troisième étude concerne les sujets en situation de rémission partielle d'AM . Nous présentons des données originales de mesure de l'activité physique chez les patients mises en parallèle avec celles obtenues dans le modèle animal où la récupération nutritionnelle conduit à la persistance de modifications hypothalamiques incriminant davantage le système leptinergique. Ce travail permet d'envisager à l'avenir une amélioration du transfert des connaissances depuis les modèles murins étudiant l'activité physique vers les situations cliniques. Toutefois, si aucun modèle murin ne satisfait complétement à la modélisation d'une maladie aussi complexe et multifactorielle que l'AM, une approche combinée peut participer à la compréhension de certains facteurs biologiques en jeu. Ainsi la dimension purement biologique de la maladie n'est plus perçue comme une série de complications mais comme des marqueurs de processus métabo-psychiatriques complexes. La constitution de cohortes de suivi multimodal de patients souffrant d'AM est nécessaire afin de d'interroger de manière pertinente la recherche préclinique. L'inverse est tout aussi nécessaire dans une authentique démarche translationnelle. |