Alphavirus, Virus Babanki, Tropisme cellulaire, Pathogenèse, Compétence vectorielle, Émergence

Les Alphavirus sont des arbovirus responsables d'épidémie majeures telle que celle due au virus Chikungunya. Ces virus sont transmis à l'Homme comme aux animaux, via la piqûre d'arthropodes hématophages, principalement des moustiques des genres Culex et Aedes. Ils provoquent majoritairement des arthrites ou des encéphalites. Peu voire aucun traitement curatif sont actuellement disponibles. Leur mode de transmission explique le risque de dissémination géographique de ces virus et de leurs pathologies associées, qui ne font qu'augmenter dans le contexte actuel de mondialisation. Certains de ces alphavirus sont décrits dans la littérature mais peu caractérisés d'un point de vue clinique et fondamental. Afin d'anticiper et de prévenir ces risques pour la population mondiale, une étude portant sur l'un d'entre eux, le virus Babanki (BBKV), un alphavirus africain identifié, isolé mais non caractérisé s'est mise en place. Mes travaux ont permis de construire et de produire un clone moléculaire infectieux de BBKV. Grâce à la production d'un stock viral, différentes lignées cellulaires d'origine humaine et animale ont pu être infectées par BBKV afin d'en caractériser le tropisme cellulaire. Ces premières expériences ont permis de caractériser les lignées cellulaires sensibles et susceptibles à l'infection par BBKV. Des souris immunocompétentes C57BL/6 ont pu être infectées pour la première fois permettant de développer un modèle de pathogenèse in vivo induite par BBKV. Suite à l'inoculation, les souris ne développent pas de paralysie de leurs membres, survivent toutes à l'infection et présentent une atteinte des articulations des pattes, suggérant ainsi un tropisme musculo-squelettique. De plus, la compétence vectorielle d'espèces de moustiques anthropophiles et ornithophiles de région tempérées et tropicales (Aedes et Culex) a pu être étudiée. Suite à l'exposition d'un repas artificiel sanguin infectieux, les intestins moyens ainsi que les pattes et les glandes salivaires sont positifs au virus réplicatif. La présence de BBKV dans les glandes salivaires des différentes populations testées suggère un risque de transmission à un nouvel hôte vertébré et donc un potentiel risque d'émergence. Les différents résultats obtenus permettent de mieux caractériser cet alphavirus africain peu étudié. Ils permettent aussi le futur développement d'outils diagnostic et pourront servir de base à l'élaboration d'anti-alphaviraux efficaces.