Mots clés |
Plasmodium falciparum, Helminthes, Anticorps, Cytokines, HLA-G, LILRB1, LILRB2 |
Resumé |
Les financements conséquents des états et des organisations non gouvernementales ont permis, cette dernière décennie, une régression du nombre de cas de paludisme et des infections helminthiques. Cependant, les données concernant la période 2015-2017 révèlent une stagnation du nombre de cas de paludisme dans le monde. De plus selon l'OMS, le nombre de décès attribués au paludisme a augmenté entre 2015 (429000 décès) et 2017 (435000 décès). Cette situation inquiétante s'expliquerait en partie par l'apparition des résistances aux insecticides et aux traitements antiparasitaires. Par conséquent de nouveaux outils, de nouvelles connaissances ou stratégies de lutte doivent être développés pour améliorer le contrôle du paludisme. A ce jour, aucun vaccin contre le paludisme n'est commercialisé. Les infections helminthiques pourraient aussi influencer les réponses immunes spécifiques d'antigènes (Ag) candidats vaccins de Plasmodium falciparum (Pf), et expliquer les faibles niveaux de protection des candidats vaccins. De plus, les infections helminthiques pourraient moduler la densité parasitaire de Pf (DP) et le développement du paludisme dans des conditions naturelles d'exposition. Près d'un quart de la population mondiale est infectée par les helminthes et en Afrique, les cas de coinfections helminthes-Plasmodium sont fréquents. Mes travaux de thèse avaient pour objectifs d'étudier l'impact des infections helminthiques sur la réponse immune anti-plasmodiale et la sensibilité au paludisme chez des enfants du sud Bénin. Deux cohortes, une de 268 enfants de 4 à 8 ans suivis pendant une saison de transmission palustre (projet PALUCO) et une de 400 nourrissons suivis de la naissance à 24 mois (projet TOLIMMUNPAL) m'ont permis d'obtenir des données parasitologiques, cliniques, immunologiques et de générer des phénotypes en relation avec l'infection palustre. La détection des infections palustres au cours des 2 études a été réalisée par microscopie sur goutte épaisse et au moyen de tests de diagnostic rapide. Les oeufs de Schistosoma haematobium (Sh) ont été recherchés dans les urines et la recherche de géohelminthes (STH) a été réalisée dans les selles par Kato-Katz. Les concentrations plasmatiques des anticorps anti-Pf, de cytokines et de HLA-G ont été quantifiées par ELISA. L'expression des récepteurs de HLA-G, LILRB1 et LILRB2, à la surface des cellules du système immunitaire a été estimée par cytométrie. Les associations entre les infections helminthiques et (i) les réponses immunologiques, (ii) les infections palustres et (iii) la DP, ont été estimée avec des modèles de régression linéaire et logistique. Les résultats obtenus dans le projet PALUCO montrent (i) des concentrations plus élevées d'IgG1 spécifique de MSP3, GLURP R0, d'IgG2 spécifique de GLURP R0 et d'IgG3 spécifique de MSP3, GLURP R0, GLURP R2 chez les enfants infectés par Sh, (ii) une association entre la présence de l'infection par Sh et le contrôle de la DP, (iii) une faible fréquence de cellules T gamma delta et une surexpression de LILRB2 à la surface des neutrophiles chez les enfants coinfectés par Sh et Pf. Les résultats obtenus dans le projet TOLIMMUNPAL montrent (i) des concentrations plus élevées d'IgM spécifique de MSP3, GLURP R0, GLURP R2 et d'IgG2 spécifique de GLURP R0 chez les enfants infectés par les STH au cours du suivi et (ii) une association entre l'infection par les STH et un contrôle du nombre d'infections palustres durant les 2 premières années de vie. Nos travaux montrent un rôle protecteur des infections helminthiques sur l'infection palustre. Les campagnes de déparasitage de masse des helminthes chez les jeunes enfants pourraient donc favoriser le cycle de développement du parasite et la recrudescence du nombre de cas de paludisme. De notre point de vue, la prise en compte de la distribution massive des traitements antihelminthiques devrait être considérée dans les stratégies de lutte par les programmes nationaux de lutte contre le paludisme. |