Mots clés |
Individualisme,Singularité,Femmes,Franquisme,Identité,Autrui significatif,Modernité avancée |
Resumé |
Comment et dans quelle mesure les femmes espagnoles nées dans les années 1930 et 1950 ont pu conquérir le droit à l'individualisme ? Tel est l'objet de cette thèse doctorale. Les femmes qui nous intéressent ont vécu ce que les sociologues de la « modernité avancée » identifient comme le passage de la première à la seconde modernité, changement social historique permettant aux femmes d'accéder au droit à l'individualisme et d'être reconnues, légalement au moins, comme égales aux hommes. C'est en s'appuyant sur un corpus original d'entretiens compréhensifs réalisés dans différentes régions d'Espagne que nous répondons à notre question initiale. Nous étudions, tout d'abord, la jeunesse de ces femmes en mobilisant l'image du « gynécée franquiste » pour approcher le confinement féminin dans la sphère privée, espace dans lequel elles contribuent à la production de richesses, s'éduquent, se contrôlent et s'entraident. Notre recherche explore ensuite les différentes attitudes des deux générations de femmes par rapport au développement de l'individualisme. A partir de la diversité de ces expériences, nous proposons une typologie des chemins empruntés face à cette modification de l'ordre social. Nous identifions ainsi un mouvement majoritaire d'appropriation progressive de la seconde modernité et deux groupes marginaux : les femmes qui ont toujours joui du droit à l'individualisme, et celles répondant aujourd'hui encore à l'injonction de dépendance et d'hétéronomie féminine. En nous appuyant sur les caractéristiques socio-démographiques de chacune des enquêtées, ainsi que sur le rôle de leur entourage, nous analysons les facteurs favorisant la modification du Soi vers la deuxième modernité. Notre démarche nous conduit à étudier l'impact de l'individualisme sur la vie quotidienne des actrices et pourquoi, malgré les difficultés vécues, elles « choisissent » et assument ce modèle social. |