Resumé |
Ouagadougou la capitale du Burkina Faso présente des indicateurs les plus favorables en matière d'éducation et constitue par conséquent un champ très peu investi par les gouvernants et les chercheurs. L'expansion rapide de la ville suite à la forte croissance démographique (le taux d'accroissement intercensitaire entre 1996 et 2006 est de 7,6 %) n'est pas sans effet sur l'offre en infrastructures scolaires. Du côté de la recherche, si le niveau primaire a fait l'objet de plusieurs études, il n'en est pas de même pour le post-primaire. En outre, la dimension socio-spatiale des inégalités intra-urbaines en matière d'éducation reste peu abordée, à Ouagadougou comme dans les autres villes du continent africain. Cette thèse sur les inégalités d'accès et de parcours scolaire à Ouagadougou utilise plusieurs sources de données (du recensement général de la population et de l'habitat réalisé en 2006 au Burkina Faso, de l'Atlas Scolaire PErmanent Numérique de Ouagadougou et ses environs, ASPENO, les statistiques scolaires de 2000 à 2014, de l'Observatoire de Population de Ouagadougou, de l'enquête spécifique sur les internats et des données qualitatives) pour traiter des facteurs socio-spatiaux des inégalités de scolarisation au post-primaire. Elle se sert d'une approche novatrice des inégalités spatiales de l'offre scolaire à travers la fusion du fichier des établissements géoréférencés avec celui des établissements issus de la base de données des statistiques scolaires et elle met l'accent sur les facteurs individuels, familiaux et contextuels de la fréquentation au post-primaire des enfants âgés de 14-18 ans. Les méthodes d'analyse utilisées sont à la fois quantitatives (bivariée, régression logistique classique, la régression semi paramétrique et le multiniveau), qualitatives (analyse de contenu des entretiens) et spatiales. Les résultats montrent avec l'offre scolaire que les établissements post-primaires publics sont concentrés au centre de la ville. Les établissements qui sont dans la périphérie lotie et non lotie sont surtout privés, sous équipés et offrant des mauvaises conditions d'apprentissage. L'analyse de la qualité de l'offre, au niveau des enseignants, montre une diminution du pourcentage d'enseignants qualifiés du centre vers la périphérie. Quant aux facteurs explicatifs de la fréquentation au post-primaire, le statut familial de l'enfant est plus déterminant, particulièrement les filles sans lien de parenté avec le chef de ménage à cause de leur utilisation dans les travaux domestiques. Le niveau de vie du ménage et le niveau d'instruction des parents sont les plus déterminants dans la fréquentation au post-primaire quel que soit la zone. Les facteurs comme la présence de robinet dans le ménage et la possession d'un moyen de déplacement jouent positivement dans la scolarisation des enfants à la périphérie de Ouagadougou. Les résultats indiquent aussi qu'il existe un effet contextuel mais très négligeable car les effets familiaux sont plus dominants dans la scolarisation des enfants à Ouagadougou. En effet, le quartier de résidence influe peu sur la chance d'être scolarisé au post-primaire. Concernant le parcours scolaire des élèves vivant dans les quartiers non lotis, les résultats ont montré qu'ils courent plus de risque de connaitre un premier redoublement que leurs homologues des quartiers lotis. Aussi, les élèves vivant dans les ménages pauvres courent plus de risque de connaitre un redoublement que ceux des ménages nantis. Un autre objectif dans ce travail était de montrer le rôle de l'internat dans la problématique des inégalités. Il ressort des résultats des analyses que les internats ne sont pas accessibles à tous les élèves à cause de la sélectivité à l'entrée et le coût de la scolarité très élevé. Pour ce faire, il contribue à exacerber les inégalités d'accès à l'éducation au post-primaire et aussi au secondaire. |