Le rôle de la dominance oculaire dans la boucle perception-action : une propriété à l'origine d'asymétries perceptives et motrices
The role of eye dominance in the perception-action loop : a characteristic leading to perceptual and motor asymmetries
par Jérôme TAGU sous la direction de Dorine VERGILINO-PEREZ et de Karine DORÉ-MAZARS
Thèse de doctorat en Psychologie
ED 261 Cognition, Comportements, Conduites Humaines

Soutenue le vendredi 23 novembre 2018 à Sorbonne Paris Cité

Sujets
  • Hémisphère cérébral
  • Perception visuelle

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Mots clés
Dominance oculaire, Saccades oculaires, Attention visuelle, Asymétries, Spécialisation hémisphérique
Resumé
L'homme présente plusieurs préférences latérales, utilisant plutôt une main, un pied et un œil donnés. Si l'impact de la latéralité manuelle sur les performances perceptives et motrices a été très étudié, le rôle des autres latéralités est mal connu. Le premier axe de cette thèse avait pour objectif de mieux comprendre la place de la dominance oculaire dans les processus perceptivo-moteurs. L'œil dominant est celui choisi lors de la réalisation d'une tâche monoculaire. La neuroimagerie a montré qu'il était lié au cortex visuel primaire ipsilatéral, et du fait du croisement des voies optiques, à l'hémichamp visuel controlatéral. Dans cette thèse nous avons comparé les performances perceptives et oculomotrices dans les hémichamps controlatéral et ipsilatéral à l'œil dominant. Les participants devaient soit réaliser des saccades oculaires vers la gauche ou vers la droite, soit réaliser une tâche de discrimination visuelle sur une cible présentée à gauche ou à droite, soit réaliser une double-tâche de saccades et discrimination visuelle. Ces études ont montré que la relation entre l'œil dominant et le cortex visuel primaire ipsilatéral permettait un rehaussement perceptif des cibles visuelles de l'hémichamp controlatéral comparées à celles de l'hémichamp ipsilatéral. Ce rehaussement perceptif améliore à la fois les performances de discrimination visuelle et la précision des saccades oculaires dans l'hémichamp controlatéral à l'œil dominant comparé à l'hémichamp ipsilatéral. Nous avons ainsi montré que la dominance oculaire occupait une place importante dans les relations perception-action, engendrant des différences de traitement entre hémichamps visuels. Dans un deuxième axe, nous nous sommes intéressés à la quantification de la dominance oculaire. Contrairement aux questionnaires de latéralité manuelle permettant une mesure en pourcentages, les tests actuels de dominance oculaire ne fournissent qu'une mesure binaire (gauche ou droite). En vue d'attribuer à chaque individu un pourcentage de dominance oculaire, nous avons étudié les asymétries du système saccadique. Les saccades oculaires présentent en effet des pics de vitesse plus élevés vers la tempe (saccades vers la gauche de l'œil gauche et saccades vers la droite de l'œil droit) que vers le nez (saccades vers la droite de l'œil gauche et saccades vers la gauche de l'œil droit). Cette asymétrie semble liée à l'intensité de la dominance oculaire en ne s'exprimant que chez les participants ayant une dominance oculaire faible. En cas d'une forte dominance oculaire, les pics de vitesse sont plus élevés vers l'hémichamp ipsilatéral à l'œil dominant, que la saccade soit nasale ou temporale. Dans la présente thèse, nous avons également testé d'autres asymétries saccadiques avec l'idée que l'étude simultanée de plusieurs asymétries permettrait une quantification graduelle de dominance oculaire. Notamment, les pics de vitesse sont aussi plus élevés pour les saccades centripètes (vers le droit-devant) que centrifuges (vers l'extérieur). Nous avons utilisé une tâche de saccades depuis cinq positions de départ (afin d'analyser des saccades centripètes et centrifuges) et un enregistrement binoculaire (afin d'analyser des saccades temporales et nasales). Les résultats montrent (1) que les deux asymétries saccadiques sont liées, suggérant qu'elles partagent des bases neurophysiologiques communes, (2) que la dominance oculaire influence toutes les asymétries testées et (3) que l'analyse simultanée des deux asymétries permet d'assigner à chaque individu un pourcentage de dominance oculaire. L'absence de dominance oculaire correspondait à la manifestation de toutes les asymétries saccadiques, tandis qu'une dominance oculaire maximale correspondait à l'absence d'asymétries. Ainsi, cette thèse aura précisé les rôles de la dominance oculaire dans la boucle perception-action et permis d'élaborer une mesure graduelle de dominance oculaire